Retour sur la carrière du Russe Carl Fabergé, qui conquit les tsars avec ses célèbres oeufs de Pâques et révolutionna la joaillerie à l’aube du XXe siècle.
Comment Carl Fabergé (1846-1920), fils d’un modeste bijoutier de Saint-Pétersbourg, descendant de huguenots expulsés de France en 1685, est-il devenu le joaillier des tsars ? Grâce à un petit œuf de Pâques en or, émail et pierres précieuses qu’Alexandre III lui a commandé en 1885 pour son épouse Maria Feodorovna. Réservés à la famille impériale et à quelques richissimes clients, ces objets raffinés, passés à la postérité, ont tendance à occulter l’immense diversité de sa production. Sculptures miniatures d’animaux, horloges, étuis à cigarettes, jumelles de théâtre… : en s’appuyant sur la créativité débordante de son frère Agathon et sur un réseau de talentueux fournisseurs, chefs d’atelier et sous-traitants, Carl Fabergé a donné naissance à un monde féerique et révolutionné la joaillerie. Plébiscitées par une aristocratie déconnectée des réalités sociales de son temps, mais aussi par la bourgeoisie industrielle, ses flamboyantes créations se sont diffusées dans toute l’Europe au travers des présents que le tsar distribuait lors de ses visites à l’étranger. Glissées dans les valises des exilés et vendues par le pouvoir bolchevik après la révolution de 1917, les œuvres de la maison Fabergé, chargées d’histoire, suscitent aujourd’hui la fièvre des collectionneurs.
Entrepreneur de génie
Narré par Elsa Lepoivre (En thérapie), de la Comédie-Française, ce documentaire déroule la saga d’un entrepreneur de génie qui éleva la joaillerie au rang d’art tout en mettant sur pied une industrie des cadeaux. En archives et zooms sur des pièces emblématiques, il retrace l’éblouissante carrière de ce visionnaire dont le destin épousa celui des Romanov, du rayonnement à l’effondrement, ses mythiques œufs de Pâques livrant en filigrane la chronique politique et intime du règne d’Alexandre III et de Nicolas II.