法国文化台 Arte :Le procès d’Emma Bovary

 

En suivant le procès intenté à Gustave Flaubert et son héroïne transgressive, ce documentaire fouillé raconte également la mise au pilori des femmes par une société patriarcale conservatrice dominante.

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Le 31 janvier 1857, Gustave Flaubert prend place au banc des accusés de la sixième chambre correctionnelle de Paris pour outrage à la morale publique et à la religion. L’accusée, la vraie, c’est, à travers lui, Emma Bovary, héroïne aux mille visages et mille désirs, coupable sans doute d’une impardonnable envie de vivre. Le procureur Ernest Pinard, porte-parole d’une époque conservatrice, qui avait su déceler la profondeur subversive du roman malgré les nombreux retraits entre le scénario (autrement plus salé) précédemment établi par l’écrivain et la version définitive, le dit lui-même : Emma Bovary exerce “une domination sur tous les hommes qui l’entourent”. Exercer une domination sur les hommes ? Et ainsi échapper à sa condition ? Il n’en faut pas plus pour mobiliser la société patriarcale et conservatrice de l’époque, qui craint plus que tout de voir son ordre social remis en cause. Flaubert sera acquitté ; le scandale rendra Emma immortelle.

Modernité fracassante  
Narré par la superbe voix de la comédienne Natalia Dontcheva, le documentaire d’Audrey Gordon, proposé dans la collection “Les grands romans du scandale”, raconte à travers le procès de Flaubert une cabale montée contre les envies émancipatrices des femmes. Car comment accepter qu’une héroïne immorale use de tous les moyens à sa disposition pour suivre ses désirs, comment garder le silence, face à une vérité si crue sur la vie affective et sexuelle des femmes ? Les éclairages issus d’entretiens et d’archives avec des hommes et femmes de plume “bovaristes” (Nathalie Sarraute, Mario Vargas Llosa, Régis Jauffret…), ou interview d’interprètes – à l’instar d’Isabelle Huppert, l’Emma Bovary de Claude Chabrol – ainsi que les extraits des nombreuses adaptations cinématographiques nationales et internationales (jusqu’à une version indienne, en 1993, par le réalisateur Ketan Mehta) viennent illustrer l’empreinte durable qu’a laissée le roman sur notre société. La modernité fracassante de son héroïne demeure, seule maîtresse à bord avant Dieu (et les hommes), jusqu’au naufrage.

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