Portraitiste de la haute société, James Tissot (1836-1902) a saisi, derrière les mondanités, les mutations de son temps. Une plongée dans l’oeuvre multiforme d’un artiste insaisissable.
S’il a renié son prénom fleurant bon la bourgeoisie provinciale du XIXe siècle pour succomber à l’anglomanie de son époque, James Tissot, né Jacques-Joseph Tissot en 1836, a conservé de son enfance nantaise une inclination pour la religion, les ambiances portuaires et les tissus – son père est marchand de soie, sa mère, modiste. Formé aux Beaux-Arts de Paris et maître des étoffes – des costumes médiévaux aux kimonos japonais –, il devient le peintre fétiche de l’élite du Second Empire suite à son Portrait de Mlle L. L. (1864), à la silhouette furieusement à la mode. Si certaines de ses toiles fraient alors avec l’impressionnisme, cet admirateur d’Ingres et ami de Degas reste attaché à la figure humaine, plus rémunératrice. Après la guerre franco-prussienne, pendant laquelle il participe à la défense de Paris et croque les combats pour le Morning Post, Tissot rejoint l’Angleterre en mai 1871. La bonne société victorienne défile sous ses pinceaux discrètement ironiques et l’argent coule à flots, lui laissant le loisir de capturer des scènes plus triviales pêchées dans le port de Londres. Bientôt, les traits délicats de Kathleen Newton, divorcée irlandaise et mère de deux enfants, colonisent son œuvre. Après la disparition de sa compagne, en 1882, le peintre regagne la France, où il se consacre au cycle La femme à Paris, à des sujets mystiques ou à des illustrations de la Bible, nourries de ses voyages en Palestine.
Inclassable
Étayé par les éclairages des quatre commissaires de l’exposition “James Tissot, l’ambigu moderne”, présentée du 23 juin au 13 septembre 2020 au musée d’Orsay, à Paris, cet élégant portrait dévoile la richesse et la complexité d’un artiste aux passions changeantes, qui fut bien plus qu’un peintre de la mode.